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La philosophie de la vie s'apprend dans les Bande Dessinées
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11 septembre 2009

Interview

Voyage au bout de Naito 775950_property_imageData_v_1


Faire du quotidien, un terrain d’expérimentation de la réalité, où les fantasmes s’immiscent naturellement dans le tangible, voilà le credo des mangas de « Nuit », alias Yamada Naito. Entretien avec celle qui fait rimer avec élégance, existentialisme et dandysme.                                          

 

Nicolas Trespallé : Que recherchez-vous dans le quotidien ?

Yamada Naito : Ce n’est pas les choses concrètes se passant dans le quotidien qui m’intéresse mais plutôt le fait de se rappeler et de conserver ce qui est en train de s’échapper dans la vie de tous les jours. Tout ce qui paraît insignifiant constitue la base de mon travail. J’essaye de tirer de la mémoire fugitive de l’instant, la matière de mon œuvre.
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Nicolas Trespallé : L’angoisse du temps qui passe et la vieillesse sont deux thèmes évoqués dans vos deux mangas. En quoi ces sujets vous touchent particulièrement ?

Yamada Naito : C’est vrai. En même temps, mon objectif est de faire ressentir la nature du temps qui est irréversible. Je tente de faire comprendre que le temps passé n’est pas récupérable.

Nicolas Trespallé : Ce sont des sujets plutôt surprenants. Vous êtes plutôt jeune et voilà des sujets que l’on se pose généralement à la fin de sa vie…

Yamada Naito : Ce que j’essaie de montrer dans mes mangas, c’est que quelque soit la longueur de temps qu’on a vécu, cela reste un temps concret de l’expérience de soi-même. Ce n’est pas cela qui me fait peur, c’est plutôt de ne pas connaître le temps qui reste à venir. C’est vrai, je ne suis pas très avancée dans l’âge, mais je sais que je dois passer autant de temps que ce que j’ai vécu dans l’avenir. C’est cela qui me donne une sorte d’angoisse.

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Nicolas Trespallé : Dans A l’Ouest de Tokyo, le personnage du mari est mangaka et se nomme Naito. Peut-on y voir une œuvre autobiographique ?

Yamada Naito : Oui, tout à fait, non seulement le personnage de Naito mais aussi sa femme qui est son alter ego.  C’est comme si je me divisais en deux personnes. Il y a en moi quelque chose de sage, de calme, de rationnel, (personnage de l’héroïne, ndlr) et d’un autre côté, il existe en moi quelque chose qui ne peut se contrôler ni s’organiser (personnage du mari, ndlr). Les deux sont une partie de moi-même.

Nicolas Trespallé : Et de qui vous sentez-vous le plus proche?

Yamada Naito : Du mari ! (rires)

Nicolas Trespallé : Dans A L’Ouest de Tokyo et dans Beautiful World, il y a deux visions du couple qui sont diamétralement opposées. D’un côté, un couple tombé dans la routine, de l’autre, un jeune couple qui vit le grand amour. Vous pensez que la routinetue l’amour ?

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Yamada Naito : Ce n’est pas que je ne crois pas au grand amour, mais il n’y a personne qui peut prouver son existence (rires). Si vous voulez, Beautiful World représente le bonheur d’être à deux, alors que le couple d’A l’ouest de Tokyo représente le malheur d’être à deux.

Nicolas Trespallé : Comment travaillez-vous ? Vous semblez vous laisser guider par l’improvisation…

Yamada Naito : Je sais toujours la fin de manière claire et précise. Ensuite, le chemin pour arriver à cette fin peut être modifié, raccourci ou rallongé selon mes envies.

Nicolas Trespallé : Dans vos mangas, on remarque que tous vos personnages sont beaux. Est-ce une façon d’idéaliser la vie ou juste un plaisir esthétique ?

Yamada Naito : Tout simplement, j’aime beaucoup dessiner des beaux personnages.

Nicolas Trespallé : Vous avez vécu à Paris pendant deux ans. Que vous a apporté cette expérience ?

Yamada Naito : Ce que j’ai retiré de cette expérience, c’est qu’on peut vivre partout, si on reste soi-même. Je continuais à travailler comme au Japon en envoyant mes travaux par internet. Vous savez, quand j’étais au Japon, je rêvais beaucoup de la France. Mais quand j’étais à Paris, j’imaginais des choses au Japon. C’est un peu tordu !

Nicolas Trespallé : Votre venue à Angoulême va-t-elle vous inspirer un manga ?

Yamada Naito : C’est possible, mais peut-être que mon histoire sera transposée dans une petite ville du Japon…

pris ici : http://www.arte.tv/fr/Entretiens/741714,CmC=775892.html

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